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L'humeur des Atréides
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The Dark Knight, de Christopher Nolan

The Dark Knight, de Christopher Nolan

BATMAN BEGINS avait su faire renaître au cinéma la licence BATMAN après les deux échecs désastreux de Joël Schumacher. Inégal mais salutaire, BATMAN BEGINS ne trouvait son fondement et sa limite que dans la mise en place d’une formidable rampe de lancement pour sa suite, THE DARK KNIGHT, adaptation fidèle du génial Comic Book de Franck Miller, THE BATMAN RETURNS. De ce point de vue, BATMAN BEGINS se voit largement légitimé par sa suite qui lui est nettement supérieure. THE DARK KNIGHT est une réussite indéniable, majeure rapportée à son genre, mais tout de même à nuancer.

 
Christopher Nolan est un metteur en scène doué et le prouve dès les premières minutes par une scène de braquage classique mais efficace. On pense, tout au long du film, au HEAT de Micheal Mann que ce soit au niveau de la réalisation, de l’ampleur du récit, et de la réflexion continue sur la frontière exiguë entre le bien et le mal. Les scènes d’action moins brouillonnes que dans le premier s’inscrivent logiquement dans l’histoire tout en apportant leur lot de spectacle et de spectaculaire. Mais Nolan s’intéresse surtout à la psychologie des personnages bien plus fouillés que dans n’importe quel film de ce genre. Et c’est là toute l’ambition du film, de dépasser son genre tout en le respectant, de s’inscrire comme une œuvre d’un auteur par le biais d’une licence mondialement connue. Cette ambition se ressent sur chaque image, à chaque seconde et oblige le spectateur avisé à regarder le film non pas comme un blockbuster estival mais bien comme une œuvre sérieuse de cinéma. NOLAN A APPORTÉ LE SÉRIEUX ET LE RESPECT QUE LE GENRE MÉRITE. Voilà la plus grande réussite du film. L’intrigue, riche, s’axe autour de personnages clefs, tous liés pour ou contre le mal. Chaque apparition du Joker est un petit bonheur sur pellicule. Je crains, cependant, le doublage français qui risque de gâcher la performance de Ledger. Le Joker est le mal et l’assume avec force et violence comme peu avant lui. C’est un anarchiste qui veut « juste détruire le monde ». La justification est simple, mais le personnage est fascinant, plus encore que l’histrion génial incarné par Jack Nicholson dans l’adaptation Burtonienne. Ce n’est plus un clown mais un démon terrifiant qui hante la bobine comme les consciences. Parfois, il nous fait rire mais jamais comme chez Burton, les rires sont jaunes et pincés comme coupables d’une attirance inexorable vers la terreur. Ledger est à la hauteur. Ce n’est pas le seul, Gary Oldman est excellent dans le rôle du commissaire Gordon. Quant à Batman, il n’est pas sacrifié comme l’était celui de Burton au profit du Joker même si son amplificateur de voix surprend toujours autant et pas forcément dans le bon sens. D’où certaines répliques anodines qui passent difficilement. Katie Holmes a été remplacée (tant mieux) par Maggie Gyllenhaal, actrice au physique particulier. Son rôle de Rachel est largement renforcé pour en faire un personnage clef du long métrage au même titre qu’Harvey Dent (Aaron Eckhart) symbolisant la lutte physique et psychologique entre le Joker et Batman. Le gagnant n’est peut être pas celui qu’on croit…

Cependant, THE DARK KNIGHT, adaptation parfaite pour les uns, ne me semble pas dénué de défauts gênants. La durée, nécessaire, du film (2h40) est parfois mal dosée. Des passages semblent trop longs comparés à d'autres traités trop succinctement. Et si l'ensemble reste passionnant et rigoureux certaines scènes hésitent encore entre l'intimisme mélodramatique et l'humour souvent malheureux de ce genre de films. Par ailleurs, THE DARK KNIGHT ne convainc pas forcément tout de suite. Il laisse perplexe et pantois devant cette fresque à l'ambition démesurée. Quelques heures voire quelques jours sont nécessaires avant de digérer ces 2h30 et de se rendre compte que CHRISTOPHER NOLAN a largement réussi son pari. Il sera difficile pour un film de superhéros d’atteindre une telle qualité cinématographique sans pour autant considérer que Nolan a créé une œuvre parfaite et définitive autrement dit, un chef-d’œuvre. Peut-être le troisième…