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L'humeur des Atréides
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Iron Man 2, de John Favreau (tribune libre)

Iron Man 2, de John Favreau (tribune libre)

Le film de super héros est un genre qui a complètement explosé avec les années 2000, si on avait eu droit auparavant à des incursions ponctuelles avec Superman et Batman, Sam Raimi et Bryan Singer ont définitivement installé le genre avec Spiderman et X Men. Ces deux sagas ont par là même défini le schéma scénaristique qui semble gouverner la plupart des adaptations de comics : le premier épisode relate la genèse du héros qui se voit confronté à son adversaire le plus emblématique (Le bouffon vert et Magnéto), le deuxième épisode est celui de la remise en question, de l’introspection (généralement le plus réussi) et le troisième épisode est celui de la grandiloquence, du too much, bref l’apothéose hollywoodienne qui conduit le plus souvent à des films de piètre qualité. Suivant ce pattern, de nombreuses adaptations ont vu le jour avec pour la première fois des héros totalement oubliés du grand écran (Dardevil, Elektra, Hulk, The Spirit) pour un résultat la plupart du temps proche du grotesque. Seul le Batman Begins de Christopher Nolan a pris une direction différente, s’attachant beaucoup plus à son héros en le faisant affronter des bad guys de seconde zone (Ras Al Ghul et l’Epouvantail). C’est dans ce contexte qu’est apparu le premier Iron Man, adaptation hollywoodienne classique d’un personnage sans réel relief (un Bruce Wayne moustachu sans les tourments) mais pas pour autant ratée. Là encore ce premier opus avait pour intention claire de poser le décor : naissance du héros, définition de son environnement et bad guy majeur. Pour autant le film manquait clairement de saveur et d’ampleur, seule la prestation de Robert Downey Jr et les scènes d’actions réussies permettaient alors de garder le spectateur en éveil.

Cet épisode se voyait également rapidement écrasé par la claque infligée par The Dark Knight, Everest du film de super héros, puis définitivement enterré par Watchmen, sorti l’année suivante, deux films qui apportaient une vraie légitimité artistique au genre, rappelant que l’on pouvait faire plus qu’un divertissement plaisant du moment que le matériau de base le permettait.

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C’est dans cet environnement, et une semaine après le très subversif Kick Ass (déconstruction parodique des adaptations de comic books basées sur le modèle de Spider Man), qu’Iron Man 2 apparaît sur les écrans. On peut alors légitimement s’attendre à un épisode intéressant, Tony Stark connaissant ses heures sombres en tombant dans l’alcoolisme (comme dans la série « Devil in the bottle ») et voyant sa situation remise en cause non seulement par le gouvernement qui veut s’approprier son armure mais aussi par un ennemi surgit du passé pour assouvir sa vengeance (ce que laissait présager la bande annonce). Hélas le film de Jon Favreau (bon faiseur mais dénué de toute vision artistique) se contente de suivre le canevas traditionnel instauré par Spiderman, on sent bien une volonté de densifier le propos en allumant des mèches dans tous les sens (Tony ivre pendant sa fête d’anniversaire, les apparitions répétées de Nick Fury qui amorcent les Vengeurs, le cœur artificiel qui contamine progressivement le sang de Stark) mais cela ne contribue au final qu’à renforcer l’impression de survol qui émane de la narration. Les personnages se retrouvent réduits à une caractérisation sommaire, aucun approfondissement n’a lieu, l’éparpillement ne laissant subsister que des miettes de leur personnalité.

Peut-on alors au moins s’attendre à un déluge pyrotechnique ? Des empoignades dantesques mettant aux prises Iron Man suppléé par War Machine face à Whiplash ? Malheureusement là aussi c’est la déception, les scènes d’actions se comptant sur les doigts d’une main, un comble pour un film dont le personnage principal est une arme de destruction massive ! On a donc droit à 3 misérables scènes de baston, l’une d’elle étant en plus presque hors de propos, l’affrontement final tant attendu quant à lui se payant le luxe d’être rapidement résolu, franchement frustrant…

Que reste-t-il alors à cet homme de fer ? Pas grand-chose, on retiendra une nouvelle fois la performance de Robert Downey Jr, usant au maximum de son charme pour donner vie à Tony Stark et le rendre le plus attachant possible avec un certain succès. Le reste du casting est au diapason, chacun incarnant avec justesse son personnage, Mickey Rourke offre un contrepoids intéressant à Iron Man quand Sam Rockwell fait de même pour Tony Stark dans un rôle de double un peu loser. Don Cheadle campe un Rhodes partagé entre son amitié pour Tony et son devoir envers la patrie alors que Scarlet Johannson impose à l’écran sa plastique parfaite. L’emballage reste donc toujours aussi séduisant alors que le contenu n’évolue pas, reste un divertissement hollywoodien sans prétention dans la droite ligne du premier volet. Un film qui n’aurait pas dépareillé quelques années plus tôt mais à l’impact bien moindre aujourd’hui alors que l’on attend un peu plus des films de super héros que des personnages survolés et des scènes d’actions bien troussées.