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L'humeur des Atréides
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Un balcon sur Cannes, récit d’une semaine sur la Croisette (partie 1)

Un balcon sur Cannes, récit d’une semaine sur la Croisette (partie 1)

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C’est votre première fois à Cannes ? M’a-t-on souvent demandé au cours de la semaine. Oui, cette soixante troisième édition du festival est bien ma première fois, comme un dépucelage, une prise de conscience, un saut les deux pieds joints en plein cœur du cinéma mondial. Ni désillusionné, ni émerveillé, je vous propose un condensé lucide des quelques étapes marquantes de ma semaine sur la Croisette.

C’est d’un balcon de la taille d’une terrasse, débordant d’un appartement en hauteur que je contemple la ville. D’ici, la mer s’impose avec les nombreux yachts de luxe près du rivage et, plus loin, le calme azuréen de l’horizon. Et puis Cannes justement, sa Croisette qui longe le bord de mer où la foule des curieux et professionnels s’agite, impatiente, dans la ferveur du festival. Deux bâtiments sont au centre des attentions. Le grand palais bien sûr avec ses marches, plus petites qu’on pourrait croire, mais le rouge, comme pour les taureaux, attire les regards. Juste derrière, le marché du film, immense, sur deux étages, avec sa cohorte de stands qui concentrent tous les cinémas du monde. Il est facile de s’y perdre, d’avoir le tournis dans ces allées aux multiples écrans plats où le champagne mousse pour fêter un contrat durement signé. Bien plus haut, le balai des hélicoptères est incessant ; tout comme celui des belles voitures. Entre eux, les grands hôtels sont bondés, occupés par les vendeurs internationaux qui négocient dans les chambres l’avenir de certains films.

Des paillettes, ces scories, il y en a évidemment. Les nombreux cocktails avec traiteur, les mannequins ou call girl, les tenues extravagantes voire totalement ridicules font partie de l’ambiance (tout comme les monstrueux frères Bogdanov qui s’exhibent sur la terrasse du Majestic). Cela dit, en haut des marches, le cinéma reste roi et Thierry Fremaux, d’une austérité troublante, salue les véritables stars de Cannes ; les cinéastes.

La ville a plus de cachet que je ne le pensais avec sa vieille ville, ses rues typiques bordées de maisons aux couleurs du sud, son fort surélevé et ses terrains de tennis ocres d’une terre battue chaleureuse. Cannes existe sans le festival, il ne faudrait pas l’oublier.

Coté cinéma, la salle du grand palais n’a pas grand chose à voir avec les salles obscures habituelles. Grande, très grande, avec au moins 2000 places inclinées, réparties entre l’orchestre et le balcon, elle tient plus d’une salle de concert que de projection. Une différence m’a marqué, plus qu’une autre, celle de la musique qui nous accompagne avant le début du film. Je vous parle de bon jazz plutôt que de la soupe insupportable des cinémas que nous connaissons. Est-ce là le véritable luxe cannois ? Avant chaque début de film, le jingle du festival nous met dans l’ambiance. Les gens applaudissent systématiquement à la vue de cette palme dorée qui surgit de l’eau et des fameuses marches rouges au son du morceau AQUARIUM de Camille Saint Saens. Alors, le film peut commencer.

J’ai pu voir sept longs-métrages en compétition officielle pour la palme d’or. OUTRAGE de Takeshi Kitano, COPIE CONFORME de Abbas Kiarostami, LA NOSTRA VITA de Daniel Luchetti, POETRY de Lee Chang Dong, ROUTE IRISH de Ken Loach, HORS LA LOI de Rachid Bouchareb et UNCLE BOONMEE de Apichatpong Weerasethakul. Autant vous dire que la sélection de cette année me semble assez faible. Seuls le Kitano et le Weerasethakul m’ont profondément marqué, même si je n’ai pas eu le temps de voir DES HOMMES ET DES DIEUX de Xavier Beauvois et TOURNEE de Mathieu Amalric qui jouissent d’une bonne réputation. Heureusement pour moi, Tim Burton a eu l’excellente idée de consacrer UNCLE BOONMEE qui mérite amplement la palme d’or ; n’en déplaise à toutes les greluches qui ont quitté la salle vendredi soir au bout de cinq minutes, après s’être montrées sur les marches du palais des festivals. Et oui, à Cannes, tout le monde n’aime pas le cinéma.

A suivre...