Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
L'humeur des Atréides
L'humeur des Atréides
Menu
Lust, Caution, de Ang Lee

Lust, Caution, de Ang Lee

A travers la fresque d’un groupe de résistant dans la Chine occupée par le Japon Ang Lee trouve un prétexte pour s’infiltrer dans les rapports entre l’individu et l’Histoire. Il dresse le portrait d’une jeune femme ( impressionnante Tang Wai) infiltrée ( jusque dans sa chair) auprès d’un bourreau collaborateur, monstre de froideur et de lucidité (génial Tony Leung.)

 
Dernier Lion d’or de la 64ème Mostra de Venise Lust Caution n’a cessé de diviser la critique et de provoquer la polémique notamment du fait de scènes érotiques particulièrement explicites. Comme toujours dans ces cas là, elles ont le malheur de voler la vedette au film lui-même. Il serait bien dommage de n’y voir qu’une simple provocation de l’auteur, tant ces scènes s’intègrent parfaitement à l’ambiance tourmentée du film.

 
La forme très stylisée, proche d’un film de Wong Kar Wai en plus impersonnel, fait clairement référence aux films américains des années 40. Ce côté un peu artificiel, violemment critiqué, apporte une atmosphère, un niveau de lecture supplémentaire. Ang lee s’amuse avec la représentation en variant les genres (comédies musicales, film noir, théâtre filmé…) Il s’amuse avec le réel, le manipule égrenant toute la palette des sentiments possibles. On ne sait jamais où l’on se situe, on reste dans une pesanteur tantôt lourde, tantôt grotesque, tantôt sensuelle. Le film ne se pose jamais dans un genre, il en maîtrise la confusion psychologique qui est la nôtre. Il en résulte une situation de trouble inhérente aux deux personnages majeurs du long métrage. Le trouble de l’histoire.

Lust Caution est un film engagé, jusqu’au boutiste qui ne laissera personne indifférent en passant de la détestation à l’admiration pour un réalisateur qui au fil de sa filmographie effrite les mythes de notre temps.