Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
L'humeur des Atréides
L'humeur des Atréides
Menu
Enter the Void, de Gaspar Noé

Enter the Void, de Gaspar Noé

ENTER THE VOID a fait l’ouverture, mercredi 31 mars et en présence du réalisateur, de la troisième édition de l’Etrange Festival au cinéma Comoedia à Lyon. Il s’agissait de la première mondiale de la nouvelle version du film, qui diffère de celle présentée au dernier festival de Cannes. La salle était comble, composée en majorité de fans conquis d’avance par le cinéaste d’IRREVERSIBLE. ENTER THE VOID sortira au cinéma le 5 mai 2010.

http://images.allocine.fr/r_160_214/b_1_cfd7e1/medias/nmedia/18/66/82/37/19408122.jpg

Parlons d’intention, celle de Gaspar Noé qui s’est démené comme un beau diable pour mettre en image son rêve, ou cauchemar, soit réaliser le film hallucinatoire/hallucinogène ultime. En adaptant librement le livre des morts tibétain, sur le voyage d’une âme après la mort, le réalisateur n’a d’autre intention que de retranscrire le bad trip infini d’un jeune homme sous diméthyltryptamine (DMT). Inutile donc d’extrapoler sur la vie après la mort ou la réincarnation ; Gaspar Noé le dit lui-même, il  n’y croit pas.

ENTER THE VOID est une expérience physiquement désagréable. Lumières stroboscopiques, caméra virevoltante et durée excessive forment un cocktail, au pire agaçant au mieux ennuyeux, qui peine à fasciner. Le dispositif de mise en scène est à ce point répétitif qu’il cesse vite d’étonner. Et si nous saluons le fait qu’un tel défi technique et économique puisse aboutir, au sein du cinéma français, force est de reconnaître que ce projet conceptuel ne pouvait réussir que par sidération. C’est à dire hypnotiser du début jusqu’à la fin les spectateurs, dès lors drogués par les effets spéciaux incessants de ce trip tokyoïte multicolore. Hélas, jamais l’introspection n’aura lieu, jamais l’émotion nous fera entrer dans ce vide bien trop froid pour que l’on s’y emporte. La faute à une histoire sans intérêt même si les acteurs s’en sortent bien (mention spéciale à la belle Paz de la Huerta). Alors, on pense tour à tour au 2001 de Kubrick, au BLADE RUNNER de Scott ou encore au NEW ROSE HOTEL de Ferrara démontrant la tournure futuriste que Noé, grand cinéphile, voulait imprimer à son interminable voyage. Durée qu’il justifie par le fait que sous psychotropes, le temps s’étire à l’infini. En tout état de cause, il ne donne pas envie d’en prendre.    

Pourtant, difficile d’en vouloir à Gaspar Noé qui est allé jusqu’au bout de ce qu’il voulait faire, sans transiger et en toute sincérité. Le film aura du mal à trouver son public et risque, tout comme le BLUEBERRY de Jan Kounen, d’être un frein à sa carrière. Certes, il plaira à certains cinéphiles friands de nouvelles expériences et sa réputation sulfureuse jouera, peut être, à long terme, en sa faveur. Nous retiendrons, avec attachement, son aura libertaire mais ENTER THE VOID restera, à nos yeux, le seul orgasme de son réalisateur. Un plaisir solitaire que nous regardons sans dégoût mais sans excitation.