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L'humeur des Atréides
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Cannes 2012 - Killing Them Softly, de Andrew Dominik

Cannes 2012 - Killing Them Softly, de Andrew Dominik

Cogan est l’employé d’une mafia tenue par des comptables, entendez par là des hommes du monde de la finance, chargé de régler une histoire de braquage d’un de leurs tripots clandestins. Larcin opéré par deux loosers qui vont donc sacrément morfler.

Killing them Softly propose une histoire de gangsters, classique dirons-nous, qu’Andrew Dominik cherche dès le début à amplifier en l’inscrivant dans un contexte présumé fort, la campagne présidentielle qui conduisit à la victoire de Barack Obama. « C’est un moment charnière d’une histoire américaine ! » s’écria sans doute le cinéaste tel le professeur nimbus  qui vit là l’arrière fond idéal à ce que l’on prenne un peu plus au sérieux son propos révolutionnaire : l’Amérique n’est pas une nation ni même un pays, c’est une terre ravagée par le flouse.

Seulement comment le prouvez ? Et là notre cher réalisateur se dit que ce serait peut être pas mal de tout montrer, d’oublier le hors champs, de jouer la carte du cynisme total. Cela passe aussi bien par un maniérisme vulgaire que par des bavardages incessants dans lesquelles chaque dialogue doit faire mouche sans en attraper une seule.

Seulement je ne laisserai pas les cyniques, entendez par là ceux qui pensent que le cynisme est une utopie de la lucidité, se voir à ce point dévoyer. Car le cynique pour Andrew Dominik est un simple salaud. Un pur, un dur, un vrai, un tatoué de chez salaud. Espérons que le cynique de Cronenberg dans son Cosmopolis aura une autre envergure. Un point leur sera commun, la voiture, espace de rencontre pour Cogan avec le représentant des affairistes du downtown, ces « voyoutocrates » du capitalisme sauvage.

Pendant ce temps là, Obama continue de débattre et le monde ne va pas mieux. Alors Andrew Dominik continue de charger la mule, de taper là où ça doit faire mal, de nous en mettre plein la gueule avec ses petits mots, ses petits ralentis et ses grandes musiques ; Killing them Softly est un film désespérant pour le cinéma parce qu’il fait tout pour paraitre désespéré. Sur les traces de Peckinpah, Dominik a encore de la route à faire…

Plus grave encore, ce réquisitoire d’un procureur qui use des effets de manche d’un avocat, est navrant de simplisme. Ce simplisme qui après une série comme The Wire passe pour l’âge de pierre. Comme si  ce cinéma américain n’arrivait plus à suivre le niveau d’exigence des séries, embrassant des thématiques communes en ne misant plus que sur du savoir-faire. Un personnage en témoigne plus que les autres. Mickey de New York, une enflure bien comme il faut, incarné par James Gandolfini. Celui là même qui prêta son talent à Tony Soprano se voit ici relégué au pire. Un autre mythe que le réalisateur veut dézinguer sans même comprendre que c’est son cinéma qui est le premier dans la ligne de mire. Soprano 1 – Dominik 0.