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L'humeur des Atréides
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Melancholia, de Lars von Trier

Melancholia, de Lars von Trier

« C’est, à la rigueur, du mélange de la bonté et de la méchanceté que peut surgir un acte ou une œuvre. Ou un univers. En partant du nôtre, il est en tout cas autrement aisé de remonter à un dieu suspect qu’à un dieu honorable » écrivait Cioran. En partant de Melancholia on en arriverait à la même conclusion. Des lors Lars von Trier se pose-t-il en mauvais démiurge ?

Sa leçon d’apocalypse, boursouflée de maniérismes lyriques au son d’un Wagner grandiloquent, se déroule en deux grands psaumes. Le premier nous rappelle Festen de Thomas Vinterberg lorsqu'au cours d’un mariage, une famille de névrosés se dit ses quatre vérités. Et à ce petit jeu force est de reconnaître que Kirsten Dunst (Justine) fait plus fort encore que Charlotte Gainsbourg dans Antichrist. Tantôt en larmes nue dans un bain, tantôt en train de déféquer dans le jardin ou de se donner à un jeune garçon le jour de son mariage, l’actrice se démène pour nous montrer que rien ne va. La faute à cette satanée planète, Melancholia, vouée à s’écraser sur la terre quelques temps plus tard et éradiquer l’Homme de l’univers.

C’est là que réside sans doute le grand fantasme pisithanate (qui pousse à la mort) de Von Trier, convaincu du mal de l’espèce humaine et plus particulièrement de la femme en tant que vecteur de ce mal. Suppôt de Satan dans Antichrist, ici elle se pose plus en victime de sa capacité à ressentir la fin du monde.  Ainsi Justine se sent de plus en plus connectée avec cette planète au point de s’offrir à elle, en pleine nuit, allongée nue face à sa lumière bleuissante devant le regard interloqué de sa sœur (Charlotte Gainsbourg). Ce n’est pas tant l’esthétique rococo kitsch du danois - toujours à la frontière du ridicule – ni même cette caméra mobile héritière du Dogme qui est le plus difficile à accepter mais son culte de la jactance. Cette certitude, cette suffisance qui convoque la métaphysique et la psychanalyse dans une œuvre qui n’en a pas les moyens. Jamais Von Trier ne dépasse le cadre de ses effets de manche, condamné à la posture ; à l’imposture.

Oublions donc la promesse d’un gnostique, habité de spirituel, le danois n’a pas l’étoffe du mauvais démiurge. Il est simple gourou d’une secte tape à l’œil qui compte de nombreux adeptes dans la région cannoise. Et que le soleil noir de la mélancolie, cher à Nerval, qui s’abat sur nous en fin de film, fasse table rase de cinéma là.